143. Perito Moreno

Apres cette fatigante montee sur route mauvaise, nous voici au col qui marque notre entree en Argentine.



Le Fitz Roy nous attend au loin. Il nous reste encore du boulot pour nous rapprocher.


La route pourrie chilienne laisse place, cote argentin, a... ca.


Pas evident du tout. Les 7 km qui suivent sont tres celebres chez les cyclistes.
Pourquoi? Parce que les pierres, les arbres couches, les racines et la boue ce n est pas tres bike friendly.


Au moins, avec la boue, pas besoin de bequille pour faire tenir le velo debout. C est comme le sable bolivien.

Et puis il y a les rivieres pour la nettoyer, la boue.


On a de la chance qu il fasse beau, aussi, car sous la pluie c est une autre affaire!


On se rapproche enfin de la Laguna del Desierto


On y est presque

Un dernier effort...


...un ou deux rayons de petes dans la descente pour moi, une gamelle pour Luke...


...et une fois notre entree officialisee au bureau des gendarmes, on peut camper au bord du magnifique lac, avec le Mont Fitz Roy au fond.




Le menu du soir est convenu. La canne a peche a enfin peche autre chose que des branches, des algues et des cailloux...


Le temps vire rapidement alors qu on attend le bateau pour traverser le lac. Il pleut du ciel et du lac. La traversee, avec la douzaine de cyclistes qui nous accompagnent, est assez epique, mais on est a l abri.


De l autre cote, dans les rafales glaciales et la pluie, tout le monde s equipe pour une etape hivernale. Mais 1 km apres l embarcadere, les nuages disparaissent et laissent place au ciel bleu de la pampa.



On a le vent dans le dos et on arrive rapidement a El Chalten. Le choc, apres 3 semaines sur la quasi deserte Carretera Austral : le village est litteralement envahi par les backpackers venus pour les nombreuses randonnees dans le Parque Nacional Los Glaciares. Mais la chance n est pas avec nous, le temps vire a nouveau a la pluie, qui s installe pour au moins une semaine. On prend une journee de pause au chaud et on repart. Le lieu est cher et ininteressant si on ne veut pas randonner sous la pluie et ne pas voir les montagnes et les glaciers caches dans les nuages.


Les nuages de pluie restent accroches aux montagnes, le Fitz Roy se cachant au milieu. Nous filons vers la pampa, vent dans le dos, dans le desert a nouveau.





Une longue journee facile, sauf quand le vent est de cote, mais heureusement il y a peu de trafic sur la Ruta 40 que nous venons de rejoindre. Le soir, notre seul abri contre le vent pour planter les tentes est constitue par le remblai d un pont. C est mieux que rien.


Les jolies saloperies qui saccrochent aux chaussettes et se decomposent en multitudes de petites epines vicieuses, rhaa!


Changement de conditions aujourdhui : le vent est plutot de cote pendant la matinee, et l apres-midi on l a en pleine figure. Difficile d avancer, on mettra plus de 4h pour faire les derniers 23 km pour arriver a El Calafate, un autre bled pas tres interessant si ce n est qu il sert de base pour aller decouvrir le Perito Moreno, un fameux glacier.



Derniers coups de pedales pour arriver a El Calafate, vivants malgre les cons ducteurs : Luke a du se jeter par terre dans les cailloux pour eviter un bus fou, et il a fallu garder l oeil ouvert pour ne pas se faire renverser plusieurs fois. Un des pires morceaux de route qu on ait pu faire.


Enfin a l abri du vent ou presque, dans le camping municipal de EL Calafate.


Luke est a cours de temps, il prend un bus pour Punta Arenas ou l attend un avion qui le ramenera a Seattle. Je prends de mon cote la route du Perito Moreno. Je choisis le velo plutot que le bus, pour ne pas payer le transport sur les 80 km d une part, mais j ai une idee en tete...


Le vent est extremement violent. Plus on s approche des montagnes et des glaciers, plus il est fort, et la route file droit dans cette direction. Pas de vegetation pour freiner un peu les courants d air, alors ma seule pause aura lieu plus ou moins a l abri derriere un bloc erratique salutaire.


Je prends une bonne petite journee pour parcourir les horribles (bien que magnifiques) 50 km.


Et je campe au bord d une petite riviere, un spot indique par d autres cyclistes. Je me couche tot, car demain...


...je me leve a 4h00, je dejeune et je prends la route. Le vent est presque inexistant (heureusement parce que ca caille serieusement), et la ligne blanche centrale me permet de suivre la route dans le noir.


Partir si tot a trois buts precis : eviter le vent, eviter le flot de touristes, et accessoirement eviter le gardien a l entree, qui dort profondement.


25 km et le glacier apparait au loin. Il reste encore un bout pour arriver aux miradors...


Mais ca vaut le coup!


Bon, le vent s est serieusement remis a souffler, et il pleut par intermittence, mais j ai prevu la doudoune, les gants, le bonnet, etc.










Deux heures tout seul face au Perito Moreno, tranquille a part le vent violent, ca valait l effort. A partir de 9h, les bus de touristes commencent a arriver, et je commence a rebrousser chemin.


Pour le retour, facile : le vent est dans le dos!


Ouf! Il faut quand meme rattraper le sommeil en retard, et se rechauffer un peu, car le vent ca use!


...et ca laisse des traces.


Une bonne journee de pause et c est reparti. La pampa, le vent dans le dos...


...puis de cote


Les guanacos, l ancetre sauvage du lama, sont un peu partout


Il existe plusieurs versions : celle qui saute de partout, celle qui ne saute pas.


Retour au bien-aime ripio, la route de gravier. Vent de plus en plus de face.


Seul batiment sur ce troncon de 70 km de route minable, une petite baraque qui est en fait un poste de police. M y accueille Fabian, le seul policier en poste, qui se fait un peu chier alors il accueille tous les cyclistes qui s arretent, offrant carrement le gite et le couvert!


Tentative de partir avant l heure du vent ratee, cette nouvelle journee s annonce deja difficile.


Je m emerveillais quand j en voyais un ou deux au loin, aujourd hui j en ai une vingtaine d un coup, a quelques dizaines de metres : des condors en pagaille!


Apres les condors, la pluie. Le vent redouble d efforts pour m enmpecher d avancer, et la combinaison pluie, vent et froid font que je passe vraiment une apres-midi de merde. Du vrai, du 100% miserable. Au bout de 8 heures de galere, j ai fait 45 km, je suis trempe et gele jusqu aux os, mes doigts ne bougent plus et les orteils je n essaie meme pas. Heureusement, au bout de la route, une station service providentielle m offre l abri du vent derriere des vitres qui semblent menacer de voler en eclats a chaque nouvelle rafale, pendant que je me sers un the bien chaud en tenant la theiere entre mes deux poignets, mes doigts n etant pas encore de retour.


Ce croisement de route, en plus de la station service, comporte un poste de police et un terrain de la DNV (l entreprise nationale responsable des routes). Pas grand chose, mais au moins le type de la DNV me propose de camper sous un petit hangar.


Le grand luxe!!! Presque pas froid.


En compagnie des moutons


En compagnie des moutons. Oui la c est mieux.


Depart le lendemain pour encore plus de vent.


J ai pris la route a 8h, l heure a peu pres exacte ou le vent se leve, pas de pot. A midi, en roulant a fond, j ai parcouru 20 km. Je decide, vers 15 km, que si je n arrive plus a atteindre les 6 km/h malgre mes efforts, je laisse tomber. A midi, donc, plafonnant a 5,5 km/h, je jette l eponge.


Le premier vehicule qui passe, un pick-up de la DNV, me prend direct et me depose a Rio Turbio, la frontiere chilienne. Je n ai pas le temps de m endormir sur mon siege, a 110 km/h au lieu de 5, ca passe trop vite.


Rio Turbio est une magnifique ville dont l activite principale, unique activite en fait, est l exploitation du charbon. D ailleurs, difficile de faire la distinction entre la ville et l entreprise exploitante, car elles portent exactement le meme nom, Yacimientos Carboniferos Rio Turbio, ou YCF (gisements carboniferes de la Riviere Trouble).

La ville est enchanteresse et j ai du mal a m arracher a ses attraits pour aller vers la frontiere.


Il me reste quelques km a pedaler face au vent, et un petit col a grimper, le Paso Dorotea (qui accueille la station de ski la plus australe du monde, je crois), pour arriver au Chili a nouveau. De l autre cote, la principale attraction touristique du pays, le parc national Torres del Paine.

1 commentaires:

Anonymous said...

Mais il est mignon tout plein ce toutou!

M et M